Exercice imposé: sac à main
Un nouveau texte écrit d'après la consigne des impromptus qui consistait cette semaine à "parler à la première personne de ce qui traîne dans votre sac, cartable, musette, gibecière, sacoche, porte-documents, attaché-case, serviette (au choix) tout au long de la journée."
Je dépose le beurre et la tablette de chocolat pâtissier sur le tapis de caisse, achats de dernière minute pour ce gâteau au chocolat que vient de me réclamer ma fille pour son école. « Au fait maman, j’ai oublié de te dire que la maitresse a demandé qui voulait amener un gâteau demain pour vendre à la récré… et j’ai dit moi. ».
Je me rapproche pour payer et un bip strident se met à résonner quand je passe le portique de sécurité, je recule et me réavance, mais le bruit persiste, tous les regards sont tournés vers moi et le responsable de la sécurité s’est rapproché, en anticipant une éventuelle tentative de fuite. Je me sens rougir en réfléchissant fébrilement au contenu de mon sac à main : canette de coca cola pour le goûter, bouquin acheté récemment, ou tout autre contenu qui pourrait faire sonner ce fichu portique, mais rien ne me vient à l’esprit. J’adresse un sourire penaud à la caissière et à la personne de la sécurité en commençant à vider mon sac, mais celui-ci me retient en me disant que nous allons le faire dans un endroit plus calme. J’essaie de paraître sûre de moi et de garder la tête haute (je n’ai rien à me reprocher) mais je prie le ciel qu’il n’y a pas trop de personnes que je connais qui font leurs courses en ce moment. J’espère surtout que personne ne m’a fait de mauvaise blague en mettant quelque chose dans mon sac pendant que je faisais ces courses rapides. La fermeture éclair en est toujours ouverte parce que mon sac est trop plein pour que j’arrive à la fermer.
Nous allons donc vers un petit bureau, et je commence à déballer le contenu de mon sac, le bordel devrais-je plutôt dire et à la honte de cette situation particulièrement inconfortable s’ajoute celle de dévoiler mon intimité à cet homme… qui cependant reste particulièrement courtois.
Je me console en me disant que cette anecdote fera bien rire mes amies… si je ne me retrouve pas en prison suite à une mauvaise blague ! Sacré gâteau au chocolat.
Et je sors le livre policier que je lis à mes moments perdus, mon portefeuille, les papiers de la voiture, mon abonnement de train fréquence dans sa pochette bleue, les 5 stylos et les 2 crayons de papiers (pourquoi dois-je toujours farfouiller des heures avant de les retrouver quand j’en ai besoin), mon carnet de chèques et tout le contenu « politiquement correct »
Une lettre que je cherche depuis quelques jours et mon téléphone portable, déchargé, qui était donc bien dans mon sac à main. Un, non deux, non cinq paquets de mouchoirs en papier, 3 dossiers du boulot (vous ai-je dit combien mon sac était grand ?) des boucles d’oreille et un bracelet, deux barres de céréales, 4 tampax dont un se promène sans emballage (propre naturellement mais je me sens rougir, pourquoi les emballages ne sont-ils pas plus solides) une barre de chocolat, mon tube de lipstick ouvert recouvert de saletés trainant au fond du sac, comme la lie au fond d'une bouteille et son couvercle à part. Cet incident a le gros avantage de me permettre de faire du rangement!
De temps en temps le gardien passe le contenu dans le portique pour voir ce qui pourrait être en cause et tombe enfin sur ces nouvelles boucles d’oreille, encore dans leur emballage, mais fort heureusement achetées ailleurs. Un système de sécurité n'a pas été désactivé et fait réagir le portique.
« Ca n’avait pas sonné quand vous êtes entrée dans le magasin» me demande-t-il ?
« Non, je ne pense pas, mais croyez-moi, à l’avenir, je ferai attention ! »