Une si belle après-midi
Les 24 mots étaient les suivants:
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Ca fait bientôt deux heures que je suis sur ce bouquin, un livre de 234 pages, en version poche mais ça reste toujours très long à lire, c’est simplement écrit plus petit (on ne me la fait pas à moi !). La bouteille de coca se vide bien plus vite que ma page ne se remplit de notes. Tiens, encore un verre, il paraît que ça stimule les neurones !
Encore 197 pages à lire, j’ai compté. Tout ça pour la prof de français à laquelle il faut en faire le résumé mais si elle veut tellement savoir ce que ça raconte, elle n’a qu’à le lire elle-même ! Elle me dit que si je veux être journaliste, il faudra que je sache écrire des articles et que donc ce genre d’exercice m’aidera. Mais moi je veux voyager et vivre de vraies aventures, rien à voir avec cette histoire qui sent la naphtaline tellement elle date d’il y a longtemps. D’ailleurs je suis sûr qu’elle a encore été écrite à la plume et avec un encrier, de belles lettres tracées en pleins et déliés à l’encre noire. C’est dire comme cette histoire est vieille, comme ce bouquin est périmé et comme je serais beaucoup mieux à grimper dans ma cabane dans les arbres ou à regarder la télévision : de vrais reportages qui m’apprendront des choses pour mon futur métier de journaliste. Bâillement numéro trente-cinq: ça c’est de l’investigation. Un garçon de onze ans séquestré lors d’une belle après-midi de printemps par ses parents qui l’ont enfermé à clés dans sa chambre pour qu’il fasse ses devoirs et remplisse son classeur. Des tongs aux pieds, comme les pauvres ouvriers chinois clandestins du treizième, ça encore c’est de l’info. Mais ce bouquin est tellement mauvais qu’il mériterait de finir à la poubelle. Même si c’est Emile Zola qui l’a écrit, j’aime pas. Point. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas !
Le bip de ma montre m’indique qu’il est maintenant 16 heures, dans une demi-heure mes geôliers me libèreront, maman m’a d’ailleurs déjà demandé ce que je voulais pour le goûter et si j’avais bien travaillé. J’ai répondu que j’avais super avancé, un mensonge qu’aucune rougeur n’est venue trahir ; je deviens très bon à ce jeu là, ça me servira quand je serai journaliste… et ça me permettra d’avoir un petit pain au chocolat pour le goûter, j’ai vu par la fenêtre ma mère rentrer avec un paquet de la boulangerie.
De toutes façons j’ai un plan B en réserve, ce soir mes parents sont de sortie et Mathieu a le DVD du livre, alors je crois que je vais le regarder et en faire le résumé. Ca ne devrait pas être si différent. Et comme ça, tout le monde sera content !