Chef de famille

Publié le par pandora




 

« Sortez de vos maisons sans résistance et il ne vous sera fait aucun mal, fermez tout pour que rien ne soit volé pendant votre absence et rendez-vous sur la place du village. Il vous reste 20 minutes».

Je me réveille en sursaut et en sueurs, le cœur battant la chamade mais rassuré par le silence environnant. Juste un mauvais rêve. Je me tourne vers mon épouse qui ne dort pas non plus.

-          Ca va ma chérie?

-          Non, je viens de faire un horrible cauche…

« Sortez de vos maisons sans résistance et il ne vous sera fait aucun mal, fermez tout pour que rien ne soit volé pendant votre absence et rendez-vous sur la place du village. Il vous reste 19 minutes».

-          Tu as aussi entendu quelque chose ?

-          Oui, mais c’est comme si c’était dans ma tête. Oh, dis-moi que tout cela n’est pas vrai et que nous allons nous réveiller…

-          J’aimerais bien ma chérie si au moins je savais ce qui arrive. Qu’est-ce qui se passe, mon dieu !

Je me lève rapidement et ouvre les volets pour voir ce qui se passe, d’autres voisins sont comme moi postés à leur fenêtre, ne sachant que faire. Mon épouse me rejoint après avoir enfilé sa robe de chambre et se serre contre moi. Je la sens qui tremble, j’aimerais tellement pouvoir la rassurer.

« Sortez de vos maisons sans résistance et il ne vous sera fait aucun mal, fermez tout pour que rien ne soit volé pendant votre absence et rendez-vous sur la place du village. Il vous reste 16 minutes».

Nous nous regardons mais nous avons bien entendu tous les deux, dans le silence pesant qui règne tout d’un coup, cette voix métallique dans nos têtes. Aucun bruit, aucun pépiement d’oiseau. La rue baigne d’une lumière éclatante bien que nous soyons au beau milieu de la nuit et en me penchant un peu vers l’extérieur, je distingue quelque chose dans le ciel… Non, ce n’est pas possible. C’est impossible.

-          Chérie, est-ce que tu vois ce que je vois ?

A sa réaction d’effroi et de retrait je comprends que mes pires cauchemars sont en train de se réaliser. Il vole bien au dessus de nous une gigantesque soucoupe volante, clignotant de mille lumières, et autour d’elle une multitude d’autres soucoupes de tailles variables. Nous sommes envahis par les extra-terrestres, moi qui déteste la science fiction. Je me précipite sur le téléphone mais il n’y a aucune tonalité. Je vais dans le salon pour allumer la télévision mais là non plus, aucune image, tout est brouillé….

« Sortez de vos maisons sans résistance et il ne vous sera fait aucun mal, fermez tout pour que rien ne soit volé pendant votre absence et rendez-vous sur la place du village. Il vous reste 15 minutes ».

-          Qu’est-ce qu’on va faire chéri. Il ne nous reste plus beaucoup de temps

-          Attends, je dois réfléchir. Laisse-moi réfléchir.

-          Regarde, il y a les Moutin qui sont en train de fermer chez eux. Tu crois qu’ils vont obéir….

-          Je ne sais pas…

-          Et là, c’est Madame Peptipon, elle est dans la rue avec son fils à la main, ils marchent vers la place du village, tu crois que…

-          LAISSE-MOI REFLECHIR BON SANG !

« Sortez de vos maisons sans résistance et il ne vous sera fait aucun mal, fermez tout pour que rien ne soit volé pendant votre absence et rendez-vous sur la place du village. Il vous reste 10 minutes ».

Je vois à son regard que je lui ai fait peur, aussi je la prends dans mes bras en m’excusant. Nous sommes tous les deux à cran, je ne sais pas quoi faire, j’ai tout autant peur qu’elle, mais ce n’est pas le moment de lui montrer. Quelle est la bonne décision à prendre ? Pour nous trois, Marie, le bébé qu’elle porte et moi. Et ces minutes qui n’en finissent pas de défiler, ce compte à rebours. Nous restons ainsi serrés l’un contre l’autre jusqu’à ce que je sente le rythme de sa respiration qui s’apaise un peu…

-          Il faut que nous y allions, nous ne pouvons rien faire d’autre. En espérant que tout se passe bien… il n’y a pas d’autre solution. Je m’occupe des volets, prends les papiers et habille toi vite. Nous n’avons plus beaucoup de temps

C’est Marie qui a parlé, c’est elle qui a pris la décision. Je n’en suis même pas capable, tu parles d’un chef de famille.  Je vais chercher les papiers et l’argent dans la commode, au cas où nous en aurions besoin et je passe rapidement un jean sur mon caleçon…

« Sortez de vos maisons sans résistance et il ne vous sera fait aucun mal, fermez tout pour que rien ne soit volé pendant votre absence et rendez-vous sur la place du village. Il vous reste 7 minutes.

Nous tuerons tous ceux qui essaieront de résister.».

Marie me rejoint, elle a enfilé un pantalon et un sweet shirt. Elle m’interroge des yeux en tenant son ventre, je l’enlace une dernière fois, longuement et nous sortons de chez nous. La place du village est à moins de 3 minutes de marche, mais les rues sont pleines de gens, connus et inconnus, voisins proches et plus lointains. Les cris et les pleurs ont remplacé le silence et la stupéfaction du début.

Je tiens Marie par la taille, elle a sa main dans ma poche arrière. Nous avançons vers notre destin.

Quel qu’il soit…

                                        [Texte sur photo écrit pour kaléidoplumes ]

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C
Bbbbbrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr.....J'aime pas et je veux en savoir plus!!!Bon week :)
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L
Tu es une horrible vilaine méchante de nous laisser là, en plan, sans savoir la suite!!!Et en plus, comme tu as annoncé les titres de tes articles du WE ce vendredi (et oui, j'ai un peu de retard de lecture), je sais déjà qu'il me faudra encore attendre au moins jusqu'à lundi (arghh)
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M
Le mari ne s'appellerait pas Joseph par hasard. Pas de doute, il nous faut une suite
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J
Bravo !
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L
Très jolie participation...
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