Anniversaire
Un texte écrit pour les impromptus sur le thème de l'anniversaire avec 4 mots imposés, coccinelle, tempête, botte et bougie
Il est assis derrière son bureau et me regarde d'un air interrogatif. Les pales du ventilateur tournent au plafond mais brassent un air brûlant qui ne suffit pas à empêcher les gouttes de sueur de couler sur son front. Et dans son dos probablement. Une mouche a franchi la barrière de la moustiquaire et vole dans la pièce.
- Alors ? Répondez s'il vous plait.
Je me tiens debout devant lui, sans savoir quoi dire. J'ai mal au dos, je marche depuis trois jours. Je suis fatiguée.
- Ecoutez Madame, vous la voulez ou non cette carte ? Alors répondez-moi.
Son ton a monté, il perd patience. Je peux lui parler de mes reins qui me font souffrir à force de longues journées passées à sarcler la terre sèche. Je peux lui parler de mes seins qui sont vides d'avoir nourri quinze enfants même si la malaria et la dysenterie en ont pris quatre. Je peux lui parler de mes yeux qui ne voient plus à force de trop avoir regardé le soleil. Je peux lui parler de ma jambe qui traine depuis la grande tempête, quand le baobab a failli m'écraser. Mais mon âge...
Des bruits de bottes qui claquent sur le plancher. Un autre blanc arrive.
- Qu'est-ce qui se passe Lenormant?
- C'est cette femme, elle ne veut pas me donner sa date de naissance.
- Lenormant, vous êtes un imbécile ! Vous ne voyez pas qu'elle vient du fin fond de la brousse ?
- Mais pourquoi...
- Vous croyez qu'ils se fêtent leur anniversaire dans leur case, avec un gâteau, des bougies et tout le toutim ?
- Mais je ne fais que suivre la procédure...
Le vieux blanc s'approche de moi et me regarde.
- On va dire, voyons, premier janvier 1900. Notez Lenormant qu'on en finisse, il y en a encore plus de cinquante dehors. Dépêchez-vous un peu bon sang...
L'homme derrière le bureau écrit quelque chose puis donne trois coups de tampons. Il me la tend enfin, l'air contrarié. MA carte d'identité.
Madame Coccinelle Hirondelle Rose Campaore. Née le premier Janvier ... je ne me souviens plus... à Tampinko.
Aujourd'hui, j'aimerais savoir lire pour voir écrit mon nom.
Il est assis derrière son bureau et me regarde d'un air interrogatif. Les pales du ventilateur tournent au plafond mais brassent un air brûlant qui ne suffit pas à empêcher les gouttes de sueur de couler sur son front. Et dans son dos probablement. Une mouche a franchi la barrière de la moustiquaire et vole dans la pièce.
- Alors ? Répondez s'il vous plait.
Je me tiens debout devant lui, sans savoir quoi dire. J'ai mal au dos, je marche depuis trois jours. Je suis fatiguée.
- Ecoutez Madame, vous la voulez ou non cette carte ? Alors répondez-moi.
Son ton a monté, il perd patience. Je peux lui parler de mes reins qui me font souffrir à force de longues journées passées à sarcler la terre sèche. Je peux lui parler de mes seins qui sont vides d'avoir nourri quinze enfants même si la malaria et la dysenterie en ont pris quatre. Je peux lui parler de mes yeux qui ne voient plus à force de trop avoir regardé le soleil. Je peux lui parler de ma jambe qui traine depuis la grande tempête, quand le baobab a failli m'écraser. Mais mon âge...
Des bruits de bottes qui claquent sur le plancher. Un autre blanc arrive.
- Qu'est-ce qui se passe Lenormant?
- C'est cette femme, elle ne veut pas me donner sa date de naissance.
- Lenormant, vous êtes un imbécile ! Vous ne voyez pas qu'elle vient du fin fond de la brousse ?
- Mais pourquoi...
- Vous croyez qu'ils se fêtent leur anniversaire dans leur case, avec un gâteau, des bougies et tout le toutim ?
- Mais je ne fais que suivre la procédure...
Le vieux blanc s'approche de moi et me regarde.
- On va dire, voyons, premier janvier 1900. Notez Lenormant qu'on en finisse, il y en a encore plus de cinquante dehors. Dépêchez-vous un peu bon sang...
L'homme derrière le bureau écrit quelque chose puis donne trois coups de tampons. Il me la tend enfin, l'air contrarié. MA carte d'identité.
Madame Coccinelle Hirondelle Rose Campaore. Née le premier Janvier ... je ne me souviens plus... à Tampinko.
Aujourd'hui, j'aimerais savoir lire pour voir écrit mon nom.
