Morceaux de sep : blogosphère
Parce que je n'ai rien réussi à écrire, pour ajourd'hui, et que vous qui venez me lire êtes à l'origine, de ce texte voici un morceau de "morceaux de sep"
Sauf à quelques proches, j'ai choisi de taire ma maladie et de faire comme si tout allait bien, en gardant pour moi les moments difficiles que je vivais. Mais cette décision est rapidement devenue intenable, mon intruse m'insupportait trop. Comment porter seule l'insupportable ?
Mais comment dire sans me trahir ?
C'est dans la grande toile virtuelle que j'ai choisi de m'épancher, bien cachée derrière un pseudo qui protégeait mon anonymat et mes petits secrets.
J'ai d'abord éclusé les forums Sclérose En Plaques, en y cherchant des réponses, en essayant d'en donner aussi, parfois, à ceux qui en avaient besoin. J'ai échangé avec des personnes atteintes de sep, comme moi. Puis je suis allée sur des blogs de malades, dont certains étaient d'excellentes sources d'informations.
Enfin, j'ai décidé d'ouvrir mon propre blog en restant fidèle au pseudonyme que je portais sur la toile, depuis mes débuts de surfeuse, et que je considérais désormais comme une deuxième peau. Un blog que je voulais davantage d'écriture, un journal intime qui ne l'était pourtant pas, ainsi accessible à tous. Je me cachais et me protégeais en m'étalant sur la blogosphère, bien abritée derrière « Pandora ».
J'ai commencé par déposer mes poèmes, comme on jetterait des bouteilles à la mer ; des poèmes crus qui parlaient de moi et de ma souffrance, noirs pour la plupart. Sans réfléchir parce qu'alors je n'en pouvais plus.
Puis j'ai écrit des textes plus longs qui racontaient des histoires dont les personnages avaient tous un peu de moi, mais j'étais la seule à en connaitre les clés. Je commençais à prendre un peu de distance.
Et j'ai écrit des billets d'humeur où je me livrais davantage et je parlais de la vie avec mon intruse, même si je restais bien cachée derrière mon nom de blog comme on porterait un nom de scène. Chaque soir je faisais mon spectacle en m'astreignant à écrire un billet quotidien. Mais c'était tout sauf de la comédie.
J'écrivais en toute sincérité et me permettais enfin de jouer mon propre rôle. Pas mon image sociale mais moi. Bas les masques. Mon écriture et le contenu du blog ont mûri en parallèle de mon cheminement dans le travail de deuil que je faisais.
Et malgré tout ce que j'ai pu livrer de moi, des visiteurs sont venus me lire et sont restés ; des liens se sont noués sur la grande toile. Ma sincérité ne leur a pas fait peur. De parfaits inconnus se rendaient sur mon blog pour échanger avec moi.
Je me suis ouverte davantage aux autres et j'ai cultivé certaines amitiés virtuelles, pourtant fortes et bien réelles.
Si je n'acceptais toujours pas l'irruption de mon intruse dans ma vie, je commençais doucement à m'accepter telle que j'étais.
Paradoxalement, c'est sur la grande scène de la blogosphère que j'ai enfin pu commencer à être vraiment moi-même, avec toutes mes contradictions et ma fragilité.