Cordon bleu

Publié le par pandora

J’ai une fois de plus assuré, la belle est conquise, le repas a été parfaitement réussi. Délicat, fin et subtil, comme moi ;-) Elle est rentrée chez elle, mais nous nous reverrons, je le sais, j’ai vu la petite étincelle briller dans ses yeux, elle est ferrée, il n’y a plus qu’à attendre.
J’ai sorti ma botte secrète et imparable, mon arme fatale : le diner aux chandelles. Elles craquent toutes.
Petits amuse-bouches en entrée, une cassolette à la noix de Saint Jacques et au Monbazillac puis un magret de canard avec une sauce à la cannelle, servi sur un morceau de pain d’épice. Et pour finir un gratin de fruits rouges au pastis. Un repas fantastique, très réussi qu’une bonne bouteille a égayé, me donnant de l’esprit mais faisant perdre ses esprits à ma belle.  Le tout servi dans un joli service en porcelaine, avec mes beaux verres en cristal que m’a laissés ma grand-mère, en cristal de Saint Louis. Sur une jolie nappe blanche, bien repassée. Petite musique douce en fond sonore. Et la touche finale, les bougies dans un chandelier argenté.
Epatée. Car des hommes comme moi qui font la cuisine lors du premier rendez-vous, ça n’est pas courant et ça impressionne, forcément. Pour le moment j’ai eu 100% de réussite à ce premier rendez-vous ( c’est ensuite que ça se gâte)
Tel un vrai cordon bleu, je prépare le repas dans ma cuisine high tech de compétition. Ca aussi ça impressionne les filles. Une belle cuisine, fonctionnelle et perfectionnée. Italienne de préférence, comme moi. Bref un beau macho qui fait la cuisine et confectionne un repas avec brio et maestria.
Pas d’estampes japonaises chez moi, mais cette cuisine que nous visitons au cours de la soirée entre le plat principal et le dessert. Passage obligé, c’est mon piège à filles. Et elles de se pâmer devant le beau rouge laqué des façades (le même que la Ferrari qui est dans mon garage et que je sors  au deuxième rendez-vous, une technique rodée je vous dis !) Propre et impeccable. Si les plats ont mijoté  toute l’après-midi sur les fourneaux, il ne faut pas qu’elles s’en rendent compte, il doit se dégager une impression de facilité comme le contorsionniste qui rentre dans sa boite avec le sourire. C’est lors de la visite de la cuisine que je commence doucement à les entreprendre, une main sur l’épaule voire plus bas si la belle n’est pas farouche.
Ce soir encore tout s’est déroulé comme prévu et nous avons fini la soirée sur le canapé, en sirotant un bon expresso italien, puis en ayant un peu d’activité physique pour éliminer ce repas peut-être un peu trop riche si elle veut conserver sa taille de guêpe. Moi je le veux en tout cas, je ne veux qu’une bellissima et certainement pas une femme aux rondeurs de mamma. Pour le moment.
Je retourne dans ma cuisine pour ranger les assiettes et les couverts dans le lave-vaisselle. Je n’aime pas monter me coucher quand tout n’est pas rangé. La femme de ménage finira demain. Et je la féliciterai une fois de plus pour ce merveilleux plat qu’elle nous a concocté pendant toute l’après-midi, mais surtout pour la petite fiche qu’elle m’a faite. Une description précise des ingrédients, de la façon de les cuire et de les mélanger, des finesses de préparation et de la touche finale. Ces précisions qui rendent la mise en scène crédible, avec le petit secret de cuisson qui fait la différence. Imparable.
Parce que de ma cuisine de compétition je ne sais faire marcher que le lave vaisselle et les plaques à induction. Et encore juste pour réchauffer les plats qui ont été préparés. Ainsi que cette fonction sur le four. Pour le reste, ne me demandez rien de plus, c’est une affaire de femme.
Si je suis prêt à mettre un tablier pour me déguiser en parfait cuisinier, ce n’est que pour épater les belles que je veux mettre dans mon lit. Car il est hors de question que je fasse la cuisine au quotidien, ce n’est pas une affaire d’homme. La femme que j’épouserai et à qui je ferai des enfants me nourrira de bons petits plats et m’attendra tous les soirs à la maison. Elle se préoccupera du moindre de mes désirs.
On est macho ou on ne l’est pas !

Publié dans textes

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
oui, on est macho ou on l'est pas ! la chute est parfaite !!! amitié
Répondre
O
COMBIEN ?NE SONT PAS LOIN DE CE PREMIER DEGRE;...?!-:) bises
Répondre
L
Ce texte ne pouvait être écrit que par une vraie femme....MDR...bravo...bisous...
Répondre